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La difficile nuit du faune de Romain Lucazeau

Je ne fais d'habitude pas référence aux autres livres de l'auteur, préférant juger une œuvre seule, dans l'absolu. Je dois néanmoins préciser que je me suis délecté avec le tome 1 de "Latium" et que je lirai prochainement le 2. Je soutiens donc à fond un de nos auteurs qui n'a pas à faire ses preuves.


La nuit du faune - Romain Lucazeau

Couverture de la nuit du faune de Romain Lucazeau
Très bel objet, porté par une couverture d'Anouck Faure

Ce livre m'a paru extrêmement lourd, avec des phrases beaucoup trop longues, qui représentent trop souvent des alignements de mots sans propositions, saupoudrées de termes complexes pour nous achever. Leur lecture est si pénible que je ne parviens souvent pas à en comprendre le sens ni l'intérêt. Si le début du livre fut assez facile en raison de la nouveauté et de l'espoir d'un tournant dans l'histoire, j'ai dû me faire violence pour lire les 100 dernières pages, sachant qu'à ce point j'avais perdu tout espoir qu'un sursaut se produise. (*)

Je comprends que le traitement de ce livre est poétique. Admirable. Ajoutons une couche de philosophie, cela passe parfaitement. Ajoutons quelques ingrédients, puis surcouches de science et l'on obtient un mélange sans début ni fin, sans passé ni futur. Totalement indigeste.

L'auteur y présente son bestiaire, à commencer par la fillette, un majordome et le faune, pour dériver sur différentes espèces cosmiques, dont il faut reconnaître que certaines sont très intéressantes. Mais il s'agit d'un énorme déballage de tout ce qui se fait en matière de notions et de vocabulaire pour nous perdre, qu'il soit érudit ou scientifique, dans des structurations improbables. On s'y noie la plupart du temps et, plus grave, pour constater qu'il n'y a strictement aucune histoire.

Nous passons à côté d'un immense Space Opera qui aurait pu être écrit sur 25 tomes et construit, structuré.

Il y a quelques rares moments de lecture très fluide et de descriptions merveilleuses. Les rares actions sont celles d'un roadtrip "universel" (au sens de "spatial", parcourant tout l'Univers). Les faux dialogues sont en fait des exposés ou des échanges ampoulés.

Je vois certaines critiques prendre des pincettes, criant au chef d'œuvre mais indiquant que certains auront des problèmes de lecture. Euphémisme traduisant leurs propres difficultés à lire et à statuer sur l'étiquette de chef d'œuvre ? Ce n'est en effet pas le côté Hard SF qui rebutera le lecteur. Il n'est pas d'un niveau très difficile (hormis parfois le vocabulaire) et permet de comprendre les théories. C'est plutôt cette manière obscure de présenter les choses.

Le lecteur ne devrait pas avoir à supporter des exposés artificiellement si compliqués qu'ils en deviennent "barbares". Faut-il en permanence faire étalage des différents noms de particules, insister autant sur la différence entre la matière baryonique et la non-baryonique ? Il y aurait bien d'autres moyens plus habiles de signaler qu'il y a de la matière et du diffus.

Lucazeau est-il une sorte de Umberto Eco de la SF ? Il est populaire et un fer de lance de la nouvelle SF française, et tant mieux. Pourquoi un français comme lui n'aurait-il pas un jour un grand prix international ? Mais il a un tel niveau qu'il n'écrit pas pour tout le monde. Très bien ? Pas certain. Est-il réellement lisible par autre que lui-même ?

"Il en découlait des manœuvres d'une telle complexité que l'Observateur seul comprenait l'entièreté du plan de bataille." nous dit Romain.
Malheur ! Aucun de nous ne peut comprendre.

Suis-je trop inculte pour ce livre ? D'autres ont-ils réellement capacité à décortiquer un récit structuré tel que je l'ai décrit ? Aucune lecture de critique dithyrambique ne m'a convaincu. Un certain snobisme "germano-pratin" ne serait-il pas à l'œuvre ?

Mon plaisir n'est pas de m'extasier devant de l'érudition, des références et des preuves d'un très haut niveau. Mon plaisir est de lire une œuvre créative qui me guide de manière orchestrée vers des étonnements, questionnements, voire émerveillements successifs.

Ce ne fut pas le cas et j'en suis fort déçu.

(*) Signalé par un digne collègue de critique : le style est parfois "étrange". Répétitions de mots, successions de non-propositions cadencées par des virgules au sein de très longues phrases et autres lourdeurs. Quel rôle a joué l'Editeur ?

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