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Enfin une (petite) anomalie chez les Goncourt

Dernière mise à jour : 13 avr. 2021

Ce n'est pas un livre d'anticipation, contrairement à ce qui a été annoncé. L'action se déroule en 2021 mais il n'y a aucune évolution particulière de la société ou des sciences qui permette de classer ce roman dans cette catégorie. Le concept de base est plus "et que se passerait-il si… ?".

L'anomalie - Hervé Le Tellier


L'auteur a pris une idée de départ "SF" qui peut faire sourire et semble hautement improbable, digne d'une série comme les 4400 ou une autre dont j'ai oublié le nom, où un avion bascule dans un espace-temps différent. Un peu de Lost aussi pour les personnages… et l'avion. Le côté "science-fiction" n'est pas du tout développé car il n'y a pratiquement aucune recherche ni développement autour de cette bizarrerie, ce mystère. Tout juste quelques hypothèses intéressantes mais archi-connues comme le fait que nous vivions tous dans une simulation.



Avec cet avion et ce qu'il lui arrive, nous basculons dans une œuvre totalement littéraire. C'est un étalage d'érudition et de citations fort intéressantes et donnant à réfléchir.

Les situations générées par cette "anomalie", ce "que se passerait-il si… ?" pourraient tourner au théâtre de boulevard où l'improbable se bat avec l'impossible. Mais nous y croyons et sommes captivés par les différentes manière d'appréhender la situation, cette "anomalie" qui touche certains personnages. Il y a donc beaucoup de personnages principaux et de tranches de vies étudiées sous un angle humain, grâce à ces confrontations. Il y a un énorme problème à résoudre (que je préfère ne pas vous révéler, pour votre plaisir, même si beaucoup l'ont déjà éventé) et chacun y va à sa manière : rejet, accueil, affrontement de la mort, etc.

Force est de reconnaître que le résultat est magistral. Ce qui nous est exposé est de la grande littérature : un jeu avec les mots et les situations.

Il n'y a pas d'histoire au sens romanesque, mais des vies qui s'interrogent sur leur unicité, leur sens, leur particularisme.

Rien n'est oublié et c'est la grande force de l'auteur qui nous plonge à chaque fois dans une nouvelle réalité.

Les interrogations religieuses peuvent paraître un peu caricaturales et pas assez profondes. L'humain devient si petit devant un tel mystère. Un peu d'émerveillement "SF" avec des théories sur notre vie dans une simulation.

On ne s'ennuie pas un seul instant tellement c'est puissant, autant dans le style que dans l'immersion au sein des réactions humaines.

Il s'essouffle sur la fin qui, malgré une tentative de sursaut, abandonne tous ces personnages, ce mystère global restant sans réponse, ne trouvant pas d'écho dans les vies individuelles. L'auteur semble signifier que nos existences avec leurs particularités sont misérables dans le grand calcul du jeu de la vie.

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